Est-ce la fin de l’ADSL au profit de la fibre?
L’ADSL a initié les grandes heures du haut débit en France à la fin des années 90. Pourtant, la fibre pourrait bien remplacer cette technoloige vieillissante. Alors, est-ce la fin de l’ADSL ?
En ce dernier jour de mars 2021, un évènement symbolique prend place à Lévis Saint Nom, petite commune des Yvelines. Ses 1600 habitants et 700 logements sont représentatifs de 80% des communes en France. Pour cette raison Orange, l’opérateur historique, y mène une opération test : retirer le réseau cuivre. Ces lignes de cuivres qui permirent de fournir la téléphonie professionnelle, puis l’ADSL, tirent leur révérence. Mais cette expérimentation annonce un mouvement plus important : la fin de l’ADSL, à partir de 2023, au profit de la fibre optique.
L’ADSL ou l’avènement de l’internet haut débit en France
Le déploiement du réseau téléphonique commuté
A l’origine de l’ADSL, il faut remonter aux années 70. A cette époque, des lignes de cuivre sont déployées en France afin de fournir le téléphone aux foyers français. Ce déploiement massif offre ainsi à des millions de français la possibilité de téléphoner; et pose les bases de ce qu’on nomme la téléphonie RTC.
Le service Internet et la France
En 1994, la France compte 75000 internautes. Les premiers fournisseurs d’accès à Internet français sont créés et proposent les premiers abonnements au grand public. Mais si la technologie est grisante, l’usage s’avère contraignant : il faut choisir entre naviguer ou téléphoner. En effet, les modems, utilisés pour se connecter au service, bloquaient les lignes téléphoniques. De plus, des vitesses encore faibles et une tarification à la minute limitaient considérablement le trafic.
Une connexion asymétrique
Si Alexander Graham Bell et Samuel Morse constituent les deux pionniers de l’ADSL en développant l’idée que des données pouvaient être transmises par un fil de cuivre, son principal architecte se nomme Joseph Lechleider, ingénieur chez Bell. Ce dernier démontra à la fin des années 80 qu’une asymétrie des débits, en l’occurence des débits moins élevés en émission qu’en téléchargement, améliorait la qualité des échanges de données et leur vitesse.
La technologie ADSL et le Haut Débit
L’ADSL, expérimenté dans les laboratoires de France Télécom depuis plusieurs années, va être déployé à partir de 1999. L’ADSL va ainsi utiliser le réseau cuivre téléphonique pour la transmission de données sans bloquer la ligne téléphonique. En effet, sa fréquence est si élevée qu’il reste beaucoup de capacité pour les appels téléphoniques. De plus, avec des vitesses de connexion décuplées, l’ADSL annonce les débuts de l’internet haut débit.
La fibre optique annonce la fin de l’ADSL ?
L’arrêt du RTC, un changement nécessaire
Le réseau RTC a plus de 50 ans d’existence. Si celui-ci apporta le téléphone auprès des foyers français, puis l’internet haut débit, son entretien pose plusieurs problèmes parmi lesquels :
- Obsolescence d’une part toujours plus importante des équipements nécessaires à son fonctionnement
- Vulnérabilité à l’égard des orages
- Entretien coûteux et fonctionnement énergivore
- Difficulté à supporter les usages actuels. Les solutions à base de voix sur ip comme la téléphonie sur ip nécessitant des débits importants.
A ce titre, l’arrêt du RTC est actée. Avec un coût annuel estimé à plus de 500 millions pour Orange, le réseau cuivre ne tient plus la comparaison face à la fibre optique.
La fin de l’ADSL pour la fibre optique, un changement non évident
En raison de ces difficultés, l’opérateur historique, Orange, souhaite passer à la fibre optique. Auparavant, utilisée principalement dans le coeur de réseau des opérateurs, la technologie FTTx vise à rapprocher la fibre optique au plus près de l’utilisateur afin de limiter le plus possible l’usage du cuivre pour le transport des données. Ainsi, l’objectif principal est d’engager une fermeture progressive du réseau cuivre afin d’entamer une migration des abonnés de l’ADSL vers la fibre optique FTTH.
En 2013, la France mettait en place le plan Très Haut Débit, visant à apporter le très haut débit sur 100 % du territoire en 2022, dont 80 % via la fibre optique. À la fin du premier trimestre 2021, 30 millions de locaux étaient éligibles à la fibre, dont 23 millions se situaient en dehors des zones très denses (source : ARCEP). Cette situation place ainsi l’Hexagone parmi les leaders de la fibre optique en Europe. Si en mars plus de 10 millions de consommateurs souscrivaient à une offre fibre, une large part de la population restait fidèle à leur offre ADSL.
L’ADSL fait de la résistance face à la fibre optique
Comment expliquer alors cette resistance de l’ADSL face à la fibre ? Les raisons sont multiples :
- Si le confinement a boosté des pratiques comme la visioconférence, le télétravail etc, les usages gourmands en débit, ceux-ci ne sont pas adoptés par l’ensemble de la population. Dans certains cas où les besoins en connectivité internet sont restreints, l’ADSL suffit.
- Si la fibre FTTH propose des tarifs accessibles, ces derniers ne sont pas nécessairement équivalents à ceux de l’ADSL. Côté pro, la comparaison des tarifs des services internet pour entreprise oriente très souvent vers l’ADSL.
- Si le déploiement avance à grands pas, certaines zones en sont encore exclues. Dès lors, si l’adresse n’est pas éligible à la fibre, l’ADSL reste encore la meilleure solution pour les particuliers. Pour les entreprises le SDSL peut s’avérer meilleur.
La fin de l’ADSL, un processus progressif
Quoi qu’il en soit, le sort du réseau cuivre est scellé, et celui de l’ADSL également. La dépose des lignes cuivre de Lévis Saint Nom préfigure le début de sa fin. D’ici à 2025, tous les foyers français devraient bénéficier de la fibre optique. L’opérateur historique, Orange, planifie une fermeture technique en 2022. Puis les lignes de cuivre seront progressivement démantelées, zone par zone, jusqu’en 2030. Avec plus d’1 million de câbles à retirer, la tâche s’annonce conséquente. Dès lors, tout abonné se voyant proposer la fibre optique par les quatre opérateurs que sont Orange, SFR, Bouygues et Free n’aura plus le choix et devra souscrire une offre fibre. Et si la fibre FTTLA fut un temps envisagée comme solution favorite, la FTTH semble remportée la bataille du déploiement (ou la FTTO pour les entreprises).
Pour les autres encore attachés à leur abonnement ADSL, il reste encore quelques années de sursis avant que la technologie ne rejoigne le panthéon des technologies.